Le rire comme remède : découvrez des humoristes qui bravent le handicap

Dans le monde du handicap, l’humour n’est pas la première chose à laquelle on pense. Pourtant, des humoristes courageux choisissent de partager leur vécu avec légèreté et humour sur scène. Leur objectif est clair : défier les préjugés, ouvrir les esprits et inspirer le changement grâce au pouvoir du rire.

Florence Mendez, Lilia Benchabane, Valentin Reinehr, Quentin Ratieuville, Guillaume Bats, Doully et Nacer Zorgani sont autant d’exemples d’humoristes qui repoussent les limites du stand up. Leurs performances sur scène ne se contentent pas de divertir, mais elles offrent également une réflexion profonde sur la société et la perception du handicap. Avec une dose d’autodérision et beaucoup d’humour, ils nous incitent à dépasser nos préjugés et à célébrer la diversité qui nous entoure.

Les voici

Doully

Contre les tabous des handicaps invisibles

Doully aborde avec un humour incisif les réalités des handicaps invisibles : « Quand ce n’est pas écrit ‘handicapé’ sur ta gu**, on te prend forcément pour un co*** qui veut frauder ! Je ne vais quand même pas me mettre à baver dans le bus pour avoir le droit de m’asseoir. »

Suite à de nombreuses douleurs, elle consulte un spécialiste et se voit diagnostiquer le syndrome de Charcot-Marie-Tooth, une neuropathie héréditaire dans laquelle les muscles des membres inférieurs deviennent faibles et s’atrophient. Ce handicap invisible lui vaut régulièrement des remarques désobligeantes dans son quotidien, notamment lorsqu’elle présente sa carte prioritaire de handicap.

Sur scène, à travers son humour cru et sans filtre, Doully partage : « Oui, la vieillesse peut être une espèce très agressive ». Elle raconte également : « Rester debout pour moi, c’est très compliqué, c’est pourquoi j’ai choisi de faire du stand-up ». Ce petit clin d’œil souligne la lumière qu’elle apporte sur le handicap invisible, tout en délivrant un message essentiel :

“Soyez un peu plus indulgents et bienveillants envers les autres “

Florence Mendez

L'autisme avec une pointe d'humour

Florence Mendez est une humoriste, comédienne et chroniqueuse belge. Elle aborde avec vivacité sa réalité en tant que personne diagnostiquée d’un trouble du spectre autistique à l’âge de 30 ans. Sur scène, elle partage avec le public ses expériences et observations avec une touche d’humour incisif.

« Mon plus gros problème, ce sont les gens ! Je suis aussi à l’aise que Laurent Voulzy dans un pogo ! » Son humour caustique imprègne ses représentations. « Quand je suis heureuse, je suis aussi heureuse que le covid en maison de retraite ». Ou lorsqu’elle évoque son inconfort dans certaines situations : « Toutes les situations sociales où je suis inconfortable, c’est-à-dire dans une pièce où je suis plus qu’une ».

Avec autodérision et perspicacité, Florence sensibilise son auditoire à sa manière unique de percevoir le monde. Sa capacité à transformer des moments difficiles en anecdotes comiques est remarquable. Comme lorsqu’elle évoque avec humour une visite à la maison d’Anne Frank et l’émotion qui l’envahit instantanément en rentrant dans la maison : « Oui, mais madame, là c’est le vestiaire, la visite commence là-bas ».

À travers son humour mordant et son regard singulier sur le monde, Florence Mendez ouvre une fenêtre sur la réalité des personnes autistes. Elle démonte que la différence peut être célébrée et partagée avec humour.

Quentin Ratieuville

L'humour pour surmonter l'adversité

Quentin débute son spectacle avec une touche d’autodérision : « Bonjour à tous, je vais me présenter déjà, je m’appelle Quentin. J’ai 18 ans. Oui, vraiment 18 ans. Je sais qu’on dirait un gamin de 8 ans dans une pub pour Action contre la faim, mais j’ai vraiment 18 ans. Et j’ai pas faim ». Quentin est atteint de deux maladies orphelines : le syndrome de Marfan et le syndrome de Loeys-Dietzil. Il utilise l’autodérision pour désamorcer les préjugés. « OK, bon vous rigolez de moi alors sachez que cela s’appelle de la discrimination sur les handicapés et ça coûte 45 000 euros d’amende. J’accepte tous les moyens de paiement », plaisante-t-il. Il évoque également sa venue au monde par une métaphore cocasse… La cigogne pressée et le colis lancé un peu trop fort, ainsi que la surprise de ses parents le comparant à E.T. Ça commence fort !

Son humour décapant se mêle à un optimisme indomptable. Comme lorsqu’il lance avec esprit : « Quentin, tu es un ange tombé du ciel, c’est sûr, je me suis bien cassé la gueule ». Ou bien lorsqu’il rappelle avec fierté : « J’ai survécu à 21 opérations et je suis toujours debout ». À travers ses performances, Quentin met en lumière les défis rencontrés par les personnes handicapées. Il démontre également que l’humour est une arme puissante pour affronter l’adversité.

Lilia Benchabane

Presque aveugle alibinos mais canon

Lilia Benchabane est atteinte d’albinisme oculocutané ce qui la rend malvoyante depuis sa naissance. Elle propose un spectacle audacieux intitulé “Attention, handicapée méchante”, où l’humour noir et l’autodérision sont rois. Elle défie les préjugés avec des répliques percutantes telles que : “En Afrique, un albinos se vend jusqu’à 100 000 euros. Alors appréciez ce que vous avez devant vous !”

Dans ce one-woman-show, la jeune femme utilise l’autodérision pour aborder son handicap “et ses yeux rouges qui dansent la salsa”. Souvent confrontée à des préjugés, elle doit expliquer à ses interlocuteurs qu’elle n’est pas aveugle, mais atteinte d’un autre type de handicap. Elle souhaite, à travers l’humour, briser les clichés qui concernent les personnes malvoyantes ou porteuses d’un handicap.

Valentin Reinehr

Le bégaiement comme force

Valentin Reinehr est un humoriste bègue atteint de dyslexie et de dyspraxie. Il s’est fait connaître en participant à l’émission “La France a un incroyable talent“, où il a brillé en finissant deuxième. Sa prestation, diffusée sur les réseaux sociaux, a été visionnée plus de 8 millions de fois. Cette viralité a alors propulsé son message de détermination et d’acceptation de soi à un large public.

Atteint de bégaiement depuis son plus jeune âge, Valentin a su utiliser l’humour comme un puissant moyen de dépasser les obstacles. De plus, il s’attache à montrer que sa différence est une force. Sa tournée avec son spectacle “Le bègue part en rodage” témoigne de son engagement à partager son expérience avec le public. Aussi, il défie les stéréotypes et brise les tabous associés au bégaiement.

À travers ses performances, Valentin offre un regard drôle et perspicace sur son propre handicap. Par exemple: “Valentin surtout nous fait un sketch court, je lui ai dit ok Mathieu, les autres ont le droit à 5 minutes mais moi, comme je suis bègue, comme au bac, j’ai le droit à un tiers temps“.

Avec humour, il déclare : “Être bègue est la chance de ma vie et j’en ai toujours profité pour faire le bien tout en emmerdant les gens“, avant de partager des anecdotes hilarantes. Son engagement à sensibiliser et à encourager les autres personnes bègues témoigne de sa volonté de faire évoluer les mentalités. De la même manière, il montre que tout est possible malgré les défis rencontrés.

Nacer Zorgani

L’Handi-capable du Stand-Up

Lors de la Grande Soirée Cap48, diffusée le 15 octobre dernier, le public a eu l’occasion de découvrir un nouveau talent du Stand-Up français : Nacer Zorgani. Malvoyant depuis l’âge de 17 ans à la suite d’une maladie incurable (rétinopathie pigmentaire.),

Originaire de Marseille, Nacer est bien plus qu’un simple humoriste. En effet, il est également un fervent défenseur des personnes en situation de handicap. Il utilise sa notoriété pour sensibiliser le public à ces enjeux. Sur scène, il partage avec générosité et autodérision son parcours personnel. Il démontre ainsi avec éloquence que le handicap n’est pas un obstacle à la réalisation de ses rêves.

À travers ses anecdotes humoristiques, Nacer brise les tabous et les préjugés sur le handicap. Il affirme alors avec conviction que la véritable limitation réside dans l’ignorance. Son intervention a été saluée par tous comme une véritable bouffée d’air frais. Une fois de plus, il apporte une perspective nouvelle et inspirante sur la vie avec un handicap.

Guillaume Bats

Le maître de l'autodérision

« Je suis né avec la maladie des os de verre, je suis né avec 27 fractures !! Impressionnant non ? Ce qui fait de moi, le champion de fractures post-natales ! » Guillaume Bats, décédé en juin 2023, a marqué le monde de l’humour avec son autodérision et son humour noir. Atteint de la maladie des os de verre, il a utilisé son vécu pour faire rire et sensibiliser, laissant un héritage profond dans le monde artistique.

L'Inclusion par l'humour : un impact transformateur

Les humoristes handicapés dans le monde du spectacle vont bien au-delà du simple divertissement. Ils promeuvent la diversité et l’inclusion, remettent en question les stéréotypes et sensibilisent le public aux défis auxquels font face les personnes handicapées. En favorisant une représentation authentique, ces humoristes contribuent à changer les perceptions et à construire un monde plus inclusif où chacun est reconnu pour son talent plutôt que pour ses différences physiques.

En fin de compte, ces artistes nous rappellent que le rire est une force universelle qui peut surmonter les obstacles les plus difficiles et nous unir.

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